• wednesday, 10 may 2017—12:15

    La lecture interactive pour stimuler le langage des enfants vulnérables

    Nathalie Thomas

    Contexte. Les disparités sont grandes dans la maîtrise des prérequis à l'apprentissage de l'écrit, avec des conséquences importantes en terme d'alphabétisation et d'illettrisme : en 2009, près d’un quart des élèves de 15 ans en Communauté française de Belgique ne font pas preuve de compétences de base en lecture (Baye, Demonty, Lafontaine, Matoul, & Monseur, 2010). Un retard de langage (Catts, Fey, Tomblin, & Zhang, 2002), un niveau socio-économique faible ainsi que le fait que la langue de l’école soit une seconde langue pour l’enfant sont des facteurs de risque pour l’apprentissage du langage écrit (Baye, 2010). Les habiletés langagières et les habiletés d’éveil à l’écrit (connaissance du code et des conventions de lecture) sont de bons prédicteurs des capacités du langage écrit et peuvent être stimulées grâce à la lecture de livres « jeunesse » et les techniques de lecture interactive (Justice, 2007). Les cibles langagières, présentées de façon explicite lors des moments de lecture peuvent favoriser les premières acquisitions en langage écrit, par la stimulation du vocabulaire, de la compréhension du récit, de la conscience phonologique et de la connaissance des lettres (Justice & Kaderavek, 2004). Méthode. Nous travaillons au sein de 8 écoles à discriminations positives du centre ville de Bruxelles. Un groupe expérimental (N=192 enfants, 10 classes) et un groupe contrôle (N=89 enfants, 9 classes), ont été constitués aléatoirement parmi les écoles s’étant montrées volontaires. Les institutrices du groupe expérimental ont proposé à leur classe 30 séances de lecture interactive sur une période de 3 mois, selon un programme structuré (3 séances par semaine) visant la stimulation du vocabulaire, de la compréhension du récit, de la conscience phonologique et des conventions de lecture. Les enfants ont été évalués individuellement en pré- et post-intervention au moyen d’épreuves langagières spécifiques (vocabulaire, morphosyntaxe, phonologie, conscience de l’écrit, conscience phonologique). Résultats. Les analyses mettent en évidence des différences significatives en post-intervention, à l’avantage du groupe expérimental, pour le vocabulaire, la morphosyntaxe, la conscience phonologique et la connaissance des lettres. L’amélioration du vocabulaire liée à l’intervention est particulièrement sensible chez les enfants qui présentent un retard de langage. La lecture interactive se montre par ailleurs plus efficace que la lecture « traditionnelle » pour la stimulation du vocabulaire, de la morphosyntaxe, de la phonologie, de la conscience phonologique et de la connaissance des lettres. Conclusion. L’utilisation innovante de la lecture interactive dans les classes à discriminations positives du centre ville de Bruxelles semble avoir un effet positif chez les enfants en difficulté de langage. Elle leur permet d’améliorer leurs compétences langagières et de « rattraper » leurs pairs qui ne présentent pas de retard langagier.

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